Préambule : ce texte (comme beaucoup des textes de Pomme – c’est moi 😁) est au féminin.

Dans ma (riche) vie, j’ai rencontré des messieurs qui auraient pu être des Pommes.

Ils sont moins nombreux pour une raison évidente : dans nos contrées, sous nos tropiques dites évoluées, ils sont élevés à coups de : »sois fort« …

Donc.

Alors oui ! on raconte beaucoup, quand on l’a été, piégée.

Quand on peut raconter …

On raconte ce qu’on a vécu mais on ne donne pas le mode d’emploi POUR se faire piéger. Ou le contre mode d’emploi pour ne pas se faire piéger.

Tout de même important ça non ?

Allez, je vous livre les secrets de l’art de devenir une bonne proie pour les pervers narcissiques et autres toxiques.

L’enfance

Il faudra si possible avoir été dévalorisée dans votre enfance ou au moins peu valorisée. Il vous faudra également une petite touche de soumission du style : je fais comme on me dit de faire pour faire plaisir, pour plaire, pour ne pas déplaire, pour échapper au « qu’en dira-t-on », pour ne pas peiner les parents ou tout adulte s’occupant de nous, sans trop d’empathie, sur le mode « tout le monde fait comme ça« .

Il faudra également avoir tout fait pour ne pas être ce que vous vouliez être, avoir refoulé massivement vos élans, vos envies, vos passions. Il vous faudra avoir appris à vivre pour les autres et non pour vous. Surtout pas pour vous. Le sacrifice. En gros.

Vous ajoutez une petite dose d’absence totale de compliments sur ce que vous faisiez/disiez/aimiez/étiez. Peu de câlins peut aider largement au développement du syndrome de la proie idéale. Interdiction de donner votre avis (on s’en fout complet, d’ailleurs qu’est ce qu’on se marre quand vous le donnez !). Interdiction de penser par vous-même. Interdiction de faire autrement que les autres. Beaucoup d’interdictions. Beaucoup d’obligations. Aucune liberté. Ça vous fout dedans obligatoirement un traitement pareil !

Normalement, vous tentiez, comme tous les enfants, de vous faire aimer pour ce que vous étiez mais vous avez vite intégré (pas forcément compris, pas compris du tout d’ailleurs) qu’il vous fallait entrer dans le moule de la conformité des attentes des « adultes ». Parce que eux, ils savent. Vu qu’ils sont adultes. Parce que vous, vous êtes forcément ignorante, vu que vous êtes enfant. Donc, on vous faisait croire qu’on vous aimait. On vous aimait surtout si vous ne faisiez pas trop de vagues. Si vous ne vous faisiez pas trop remarquer. Que diraient les voisins/profs/oncles/tantes/grand mères/grand pères/marchands/ boulangers/épiciers … ?!

Bon, vous avez grandi. Vous êtes passée de l’autre côté : côté adulte. Maintenant vous savez … tout ce qu’on vous a imposé d’apprendre. Vous ne pensez pas forcément par vous-même puisque vous n’en avez jamais eu trop la possibilité. Vous êtes dans le moule. Yeah ! Une victoire pour les adultes anciens qui diront quand même de votre génération que eux, n’étaient pas comme ça. Qui continueront à vous critiquer parce que décidément, vous ne faites jamais ce qu’il FAUT ! Bref, ça n’ira jamais. Mais ça, c’est la cerise sur le gâteau. Quand il y a du gâteau. Et puis, vous êtes habituée ! au point où vous en êtes …

Options :

Option 1 : vous avez vu votre mère se sacrifier toute sa vie

Option 2 : vous avez vu votre mère se sacrifier ET être malheureuse

Option 3 : vous avez été le témoin impuissant des pleurs de votre mère

Option 4 : vous avez été l’épaule sur laquelle votre mère pouvait se pencher pour épancher ses malheurs

(ce sont des options, qu’il n’y ait surtout pas de généralisation hâtive voire dérangeante)

 

L’adolescence

Vous n’avez pas été épargnée. Il n’y a pas de raison ! Vous avez donc été une adolescente complexée, convaincue qu’elle n’était pas aimable, ni jolie, ni désirable, ni intelligente, ni bonne en classe (surtout en maths, puisqu’il est évidemment connu que les filles sont nulles en maths, comme me disait ma très chère prof de … maths au lycée), ni utile à grand monde …

C’est un peu le propre (quelle expression !) de l’adolescence ! mais bon, le bagage est plus lourd pour certaines que pour d’autres… et puis à force, ça fait l’effet « boule de neige » … forcément qu’elle finit par nous rouler dessus tôt ou tard !

Donc, premières amours.

Généralement, on tâtonne pas mal, on hésite, on rêve à celui là ou celui ci et puis … on prend ce qui se présente.

On n’est pas trop regardant sur la qualité vu qu’on est déjà très contentes qu’il y en ait un qui s’intéresse à notre pomme !

Avec un peu de chance, on en rencontre un, un (peu) mieux et hop ! on vit la grande histoire !

Dans le domaine de l’amour, vous avez un peu de lacunes. A part quelques bouquins glanés à la bibliothèque, vous ne savez qu’une chose : vos émotions sont prêtes à exploser si vous ne faites pas une rencontre dans la minute !

Donc, vous avez rêvé de la robe blanche, du mariage idéal, de la grande fête réunissant toute la famille (ouch ! beurk … tsss tu ne vas pas faire d’histoires ! on ne peut pas ne pas les inviter ! ils nous avaient invités – dialogue en voix off : oui, en même temps, leur mariage hein …).

Avec encore un peu de chance (si on peut encore appeler ça de la chance), votre mariage est réussi. Il n’y a pas eu un vieil oncle complètement saoul qui a roulé sous la table ou provoqué un scandale. La vieille tante qui râle tout le temps ne vous a envoyé que 3/4 piques au sujet de

1/ votre robe pas à son goût

2/ le vin d’honneur qui dure trop longtemps

3/le repas trop sophistiqué ou pas assez

4/la musique trop forte et …

5/ la température de la salle.

Qu’est ce qu’on l’aime celle là ! Et comme on a été bien élevé, on ne lui dit rien. Voire on se met en 4 pour lui faire plaisir. Sachant qu’elle ne sera jamais contente. Quel beau souvenir que celui là !

Avec une dose supplémentaire de chance (mais faut avouer qu’elle vous a bien laissé tomber celle là ! comme d’ailleurs certaines de vos copines qui vous regardent maintenant bizarrement puisque vous avez pris le risque d’épouser celui là), vous avez donc une belle mère sympathique qui vous accueille à bras ouverts … comme le beau père qui reluque en bavant votre décolleté ! Ses bras à lui, vous les éviteriez volontiers.

Sinon, vous avez glissé sur une marche et vous avez la belle mère aigrie, teigneuse, les sourcils froncés, qui se vante à tout le monde d’avoir cousu elle même son tailleur. N’omettez surtout pas de l’annoncer au micro sous peine d’être haïe à vie. Vous le serez, mais vous pourrez toujours lui rappeler son tailleur pour la calmer de temps en temps ! Jamais ô grand jamais ne lui dites que son tailleur était hideux ou alors le jour où le divorce est prononcé et que vos enfants sont majeurs (sans obligation donc de rendre visite à mamie teigneuse).

Bon, vous voilà entrée dans le monde des adultes pour de bon maintenant. Vous avez répondu à l’obligation sociale qui veut qu’avant 30 ans on soit mariée (et qu’on ait déjà 3 enfants mais ça dépend de la date du mariage ou de la probabilité pour vous d’avoir des triplés à la première grossesse).

Vous avez remarqué qu’à ce stade, pour autant, on ne vous prend toujours pas pour une adulte ? Vous en savez toujours moins que les autres. Les plus âgés. Ne l’oubliez pas ! on vous l’a appris très tôt : vous serez TOUJOURS inférieure à quelqu’un d’autre ! Va quand même pas falloir vous le répéter tout le temps non ?!

ça fait beaucoup pour un seul soir, j’en suis consciente.

J’ironise, j’ironise, mais quand même. Vous l’avez trouvée la part de vérité ?

Je vous laisse cogiter.

NB : commencez dès maintenant à réfléchir pour vos propres enfants. Les proies, comme vous venez de le voir, se fabriquent TRÈS tôt !

L’âge adulte

Considérant que les bases vues précédemment sont établies et ancrées solidement, la proie va pouvoir continuer à se confirmer qu’elle ne vaut pas mieux que ce que le toxique tente de lui faire entrer de force (ou facilement) dans l’esprit : c’est pas qu’elle ne vaut rien, c’est qu’elle est une moins que rien.

Donc reprenons.

Vous êtes tombée follement amoureuse d’un toxique. Pas le premier jour.

J’entends par là que vous ne connaissiez pas le niveau de toxicité du quidam le premier jour. Follement mais pas folle non plus. Disons que c’est l’amour qui était fou. Euh .. enfin, disons que vous étiez quelque peu éblouie et que c’était peut-être, oui, un coup de folie. Quoi que … non, parce que vous avez pris le temps de l’observer quand même. Moins que lui ne vous observait. Certes.

Beaucoup moins. Car lui a posé des questions, a fait semblant de s’intéresser à vous et en a profité pour récolter moult informations sur votre compte. Notamment votre manque d’estime de vous-même. Facile à détecter. Quasi sûr que vous avez lâché une phrase du style « on ne m’a jamais aimée ainsi« . Sur le compte en banque aussi d’ailleurs.
Il vous glissera une question un jour du style « Tu les regardes souvent les comptes ? » , non pour savoir si vous suivez ça de près mais pour pouvoir, accessoirement, retirer de l’argent subtilement sous votre nez, sans que vous ne le voyiez. Bah oui ! on fait confiance à celui qu’on épouse non ? et ses 13 ème mois fileront en douce, sur un compte épargne également. Et le jour du divorce il vous rappellera avoir fait un chèque de 200 euros juste après le mariage et que donc, vous lui en devez la moitié. Bref. Mais quand même. Ça énerve. Non ?

Revenons à la déclaration d’amour …

En écho, il a fait de même. D’ailleurs, il a fait écho à tout ce que vous avez dit. Le toxique a une excellente mémoire et vous ressert à l’envers ce que vous lui aviez servi à l’endroit. Exemple : il vous dit qu’il adore les poivrons farcis à la pâte d’amande (ce qui n’est guère commun) et comme vous avez oublié qu’il l’a entendu de votre bouche, vous hallucinez !

Vous doutez un peu alors vous lui demandez si vous lui en aviez parlé. JAMAIS DE LA VIE ! C’est incroyable non ?!

Bon, revenons à vous, petite proie.

Vous n’êtes absolument pas au courant, depuis votre prime enfance, que vous êtes aimable (au sens propre du terme). Vous doutez de tout : votre beauté, votre intérêt, votre intelligence, vos émotions qui vous envahissent régulièrement… alors dès que toxique va vous parler de votre nez trop petit, il va réveiller votre complexe et bim ! Et comme vous avez peur qu’il ne se mette en colère si vous réagissez et bien … vous ne réagissez pas ! et vous avalez ça. De travers, bien sûr. Au lieu de descendre dans l’estomac, ça va vers le cœur. Il se sert. L’autre, du coup, s’en sert aussi. Il calibre bien votre réaction, s’assure que la pointe est bien plantée dans le cœur et pour vous endormir, vous sert un compliment inversé. Du genre : mais tes yeux ! ah tes yeux ! je n’en ai jamais vus des pareils.

Plus tard, vous aurez toujours le doute : que voulait-il dire le fum#** ?

Certaines me diront, et elles auront raison, qu’elles ne se sont pas laissées faire. Vous avez eu raison, oui ! N’empêche qu’il a continué et que la séparation a été laborieuse.

[NB : je précise que je parle des femmes sans enfant, indépendantes financièrement également.

Oui, je précise car une fois qu’il vous a piégé avec les enfants ou depuis le départ avec l’argent, c’est la pire des horreurs et ça ne me fait guère sourire.]

Donc  on ne rétorque pas.

On n’en parle à personne car, comme chacun le sait, le toxique ne se montre pas odieux devant témoin. Pas fou le gaillard !

Vous n’osez donc pas en parler à votre entourage proche surtout si à la première parole, on vous a rétorqué « lui ! si gentil ! oh lala tu as toujours des problèmes ! si tu étais plus tolérante aussi !« . De quoi faire taire n’importe quelle pipelette non ?

Vous allez donc fonctionner uniquement à la peur.

Peur du jugement des autres, peur du courroux de l’autre, peur de vous retrouver seule, peur de vous être trompée et que c’est peut-être lui qui a raison, peur de vous retrouver à la rue, peur de surmonter votre immense déception, peur de devoir tout recommencer, peur qu’on ne vous aime plus …

Ces peurs ajoutées à vos complexes vous empêcheront d’ouvrir les yeux.

On ne maltraite pas quelqu’un qu’on aime. Point.

Personne n’est supérieur à personne. Point.

Personne n’a le droit donc, de prendre le pouvoir sur vous. Point final !

Que diriez-vous à votre fille si elle vivait ça ?

Ah …….

Pourtant, aux premières insultes, vous avez pardonné.

Aux suivantes aussi.

Il a même réussi à renverser la situation, effondré, en larmes pour réveiller en vous l’âme généreuse qui doit (toujours) se sacrifier pour les autres et comprendre l’autre mieux qu’elle même.

Il a utilisé le bon vieux argument de l’enfance malheureuse pour que vous passiez l’éponge.

Alors vous la passez.

Vous faites mieux. Vous culpabilisez !

C’est vrai quoi ! quand même ! avec ce qu’il a pris dans la tête enfant, vous pourriez être un peu plus gentille !

Vous avez juste oublié que vous en avez pris autant sinon plus et que vous, vous ne l’insultez pour autant pas, que vous êtes plutôt humaine quoi !

Allez, je vais être un peu acide (mais j’ai fait pareil) : vous vous gargarisez avec la dose ridicule (on peut bien le dire après) d’amour (faux, bien sûr) qu’il vous a servi au départ. C’était tellement bien ! alors vous vous accrochez désespérément à ça. Au fol espoir (ah là, fou/fol, c’est plus juste non ?) qu’il redevienne comme au premier jour.

C’est un peu comme si vous vouliez qu’un grand gaillard de 1m80, 16 ans, en pleine période adolescente – votre fils adoré – redevienne tout petit petit pour le prendre dans vos bras et le câliner. Vous voyez ?

Et puis il a du vous faire le coup du chantage affectif : je vais partir, je te préviens.

Mieux (pire) : j’en peux plus de tout ça, un jour, tu me retrouveras au bout d’une corde.

Ils sont champions du monde du chantage au suicide.

Et le pompon : je t’aurais prévenue, ce sera de ta faute !

Donc, comme on vous a appris à culpabiliser, que vous faites ça très bien, ça recommence.

Sauf que … personne n’est responsable des actes de l’autre. Personne !

donc, on récapitule :

Une fois qu' »il » est dans votre vie, vous :

– vous laissez insulter sans mot dire

– lui donnez, il prend sans rendre

– pliez l’échine, il bombe le torse

– suppliez, il se gargarise

– êtes malheureuse, il jubile.

Notez que dans tous les domaines de la vie, vous n’osez pas !

Vous n’osez pas parce qu’on vous a tellement de fois demandé de vous taire, de ne pas faire de vagues, de vous faire toute petite… que vous ignorez même qu’il puisse y avoir une autre attitude et une autre altitude.

Pourtant.

Quand l’autre abruti vous fait des appels de phare derrière vous qui roulez pourtant à la bonne vitesse, vous avez le DROIT de ne vous rabattre que lorsque vous-même aurez fini de doubler (un grand classique sur l’autoroute). Vous avez aussi le DROIT de refuser la xième invitation de belle maman à déjeuner et à rester TOUT le weekend pour la 3ème fois ce mois-ci. Vous avez le droit de ne pas vous en vouloir d’avoir refusé de venir chez vos parents saluer la tante du mariage qui tient le choc et est toujours acide « mais bon … elle vieillit et sa vie n’a pas toujours été rose » … (c’est pas une raison pour pourrir celle des autres !

Vous avez le droit de dire à votre médecin que vous ne voulez pas avaler tel cachet parce que ça vous rend malade (plutôt que le prendre à la pharmacie, le mettre dans un placard et le ramener à la pharmacie dans quelques mois, histoire de ne pas trop culpabiliser, avant la date de péremption).
Vous avez le droit de dire à votre collègue de travail qu’il empiète un peu trop sur votre vie et qu’il serait bon qu’il cesse de vous emm**** tous les matins pendant une demi heure.

Vous avez le droit de lui dire aussi que non, vous ne resterez pas plus longtemps ce soir pour l’aider à finir un dossier parce qu’il a passé la moitié de la journée à trainer dans les autres bureaux plutôt que bosser sur le dit dossier.

Vous avez juste le droit de dire « stop » à tout ça !

 

3 réflexions sur “Comment se faire piéger par un toxique ?

  1. Oh purée de pomme!!! je me reconnais là…j’aimerais tellement que mes parents lisent vos mots sur l’enfance…ils n’ont pas compris quand j’ai failli (heureusement je ne l’ai pas fait) quitter mon mari pour un PN. Tout était de ma faute et aujourd’hui ils ne me demandent même pas si je vais bien…Ils ont fait ce qu’ils ont pu pour nous élever mes soeurs et moi mais j’aimerais qu’ils sachent pourquoi je suis tombée dans ce piège…merci pour vos mots;)

  2. Ah ah ah ! Marine , c’est tellement fou combien les « copines » de galère se retrouvent !
    ça me rassure de ne jamais tomber bien loin.
    Offrez-leur le tome spécial PN 😉 (de ma part :-D)

  3. J adore , tellement vrai 🤗🤗 et je reconnais bien toutes celles qui on ce genre de gaillard

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